lundi 18 mai 2015

Les soldats de l’Asphalt

Par l'Homme Mystérieux 

Ces jours-ci un drôle de phénomène secoue le petit milieu rock de la ville rose, le nom d’un jeune groupe est sur toutes les lèvres … Asphalt.
Et vraisemblablement c’est parce qu'on y croit, qu'on y adhère et qu’on se retrouve dans ce quatuor post-punk qui rallie de plus en plus de "croyants" à chaque fois qu’il se produit en live.
Mais commençons par présenter les architectes de cet engouement inattendu : le groupe est formé de Roro à la guitare et au chant (qui est sans doute la plus enthousiasmante des guitaristes gauchères du moment !), de Tibo, guitare et chant, dont émane un charme ténébreux, Amaury à la basse toute en retenue (menaçante). Derrière cette ligne d’attaque la défense est assurée par Rémi Rami-Rez, jeune dandy toulousain connu dans les plus infâmes bouges de la rive gauche de la Garonne, succédant lui-même à Peter, mort au combat, qui avait en son temps pris la succession de Guillaume, premier batteur à officier dans le groupe voilà maintenant deux ans.

La maîtrise de leurs instruments acquise en militant dans diverses formations (power-pop, garage, punk) leur a permis de rapidement enregistrer un premier EP : "Abstinence, Chômage et Dépression", tout un programme politique et social pour les laissés-pour-compte de la génération Y. Cet EP sorti en 2013 donne le ton : punk rock lorgnant du côté de 77, des titres punchy et mélodieux comme "Parano song" ou "Enterre-toi vivant" qui trouveraient légitimement leur place sur une réédition des 30 plus Grands Succès du Punk (Skydog) améliorant par la même occasion un disque déjà parfait ! Mais attention il ne s'agit pas là d'un revivalisme stérile ou d'une de ces contrefaçons hélas si fréquentes de nos jours par lesquelles des groupes tentent de recréer un son, un look, une image, tentatives résultant trop souvent en un triste Xerox calqué sur des gloires passées. Non, ici c’est tout autre chose ; on peut aisément imaginer les membres d’Asphalt préparant leur coup autour d’une pile de disques sortis sur Chiswick, Melodíes Massacre, Small Wonder et j’en passe. Il est certain que les influences comptent pour eux ; à leur contact on constate une connaissance quasi-encyclopédique du punk et ses dérivés. Si les quadras que nous sommes ont grandi avec le trafic de K7 (le lycée aura au moins servi à ça), les "moins vieux" utilisent désormais tous les moyens à leur disposition pour développer leur culture. Pour une fois l'internet n'est pas que source d'idiotie et du dénominateur commun le plus basique. Mais ne nous méprenons pas, nous ne somme pas face à une bande d’antiquaires ou d'archéologues du punk rock, non, la trame de '79 convient parfaitement pour exprimer la réalité de ceux qui ont vingt ans en 2015, et il est certain qu’en pleine crise du capitalisme, en ces temps de recul de la liberté d’opinion, face à une société qui pousse une partie croissante de ses citoyens vers l'aliénation, ils ne manquent pas de matière première. Le terrain naturel pour un groupe nommé Asphalt est la rue et c'est bien là qu'on peut trouver la fière équipe quand ils ne sont pas sur la route, en répèt' ou sur scène car c'est un groupe qui vit ce qu'il décrit (et vice-versa). Leur devise est d'ailleurs "On zone. Point barre". A chacune de leurs prestations scéniques, un nombre croissant de convertis vient grossir les rangs de l'Asphalt Army : punks, skinheads intelligents et ouverts (non, ce n'est pas une blague !), garageux et kids fleurant le dernier bon coup, ils sont tous là. Ayant observé bon nombre de groupes à la manoeuvre, je peux affirmer que ce n'est pas à la portée des premiers venus que de parvenir à créer la communion parfaite avec le public. Asphalt est clairement de ceux qui y parviennent !
 
 
L'été 2013 ils ont enregistré deux titres au studio Swampland de Lo Spider, le Phil Spector toulousain. Sorties en septembre 2014 sur Juvenile Delinquent Records, éclectique label nantais réputé pour son bon goût, ces deux titres explorent là un son plus sombre et post-punk, la référence pointe plus du côté de la cuvée '79, réaffirmant ainsi leur talent et leur capacité à écrire et à composer d'authentiques tubes, dont le titre "Do you understand (me)?" destiné à devenir un classique du genre ; vous feriez d'ailleurs bien de vous procurer le 45t avant qu'il ne soit épuisé, car à moins d'être sot, fou ou actuellement en prison (voire les trois à la fois), rien ne justifierait d'ignorer un tel chef d'oeuvre.

L'année 2015 voit les Asphalt multiplier leur prestations scéniques : première partie de LSD à Toulouse, dates en Allemagne et en Espagne en discussion et projet d'enregistrement d'un premier album pour cet été ; c'est une étape cruciale pour le groupe afin de confirmer le succès des deux premiers singles et dissiper si besoin était un quelconque doute qui attribuerait leurs compositions solides et efficaces à un alignement favorable des astres ou à un pacte temporaire avec le Malin. Cet album en devenir viendra étoffer leur set list qui pour l'instant, seule critique que l'on puisse faire à leur égard, est un peu courte et nous laisse sur notre faim, n'en réclamant que plus !

La ville de Toulouse peut désormais dormir tranquille (après que les derniers ivrognes soient tombés tels le Général Custer) dans la douce satisfaction de savoir compter sur un groupe comme Asphalt. Mais ne tardez pas, Asphalt c'est à déguster sans modération, et leur moment c'est maintenant.
 
Retrouvez l'actualité d'Asphalt, les dates de concert et leurs 45t en écoute libre sur leur Bandcamp : http://asphalttoulouse.bandcamp.com/
 

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