vendredi 12 juin 2015

Lee mortel

Par Hong Kong Fou-Fou (Manchu)




A Fury Magazine, on aime les vieux acteurs, les vieux dessinateurs, les vieux musiciens, les vieux sportifs, et nous-mêmes nous ne sommes plus de première fraîcheur. Du coup, inévitablement, de temps en temps l'une de nos idoles mord la poussière. Pour ne pas altérer l'ambiance gaie et enjouée qui règne dans nos colonnes, on évite de trop en parler, on attend que ça (tré)passe. Mais là, il s'agit quand même de Sir Christopher Lee, purée ! Environ 225 films au compteur, une carrière qui s'étale sur plus de 65 ans, le plus grand méchant du cinéma. Depuis hier les hommages tombent de tous les côtés, même le Figaro, même l'Humanité en ont parlé ! Pour Fury Magazine, le chantre de la culture pop(ulaire), impossible de faire le mort et de ne pas se fendre d'un petit laïus à la mémoire de ce merveilleux acteur... Combien d'heures passionnantes ai-je passées devant la télé, essayant de  tromper mon angoisse en mordillant mes ongles de mes petites dents tandis que lui plongeait les siennes dans le cou diaphane d'une jeune vierge ?
Voyons, que nous dit notre omnisciente secrétaire Vickie Pedia sur le personnage ? Naissance en 1922 à Londres, dans le très chic quartier de Belgravia (un nom qui le prédestinait quand même un peu à interpréter un certain comte noctambule dans une obscure province des Carpathes). Son papa est lieutenant-colonel au 60th King's Royal Rifle Corps, sa maman est la comtesse Carandini di Sarzano. Des études à Wellington et à Eton, de petits jobs de coursier dans la City de Londres. A 18 ans, départ pour la Finlande, afin de rejoindre les volontaires combattant les Rouges lors de la Guerre d'Hiver. Pendant la deuxième guerre mondiale, il intègre la R.A.F. Comme il parle couramment l'allemand (ainsi que le grec, l'italien, le français, l'espagnol, le suédois, il baragouine quelques mots de latin - disons qu'il aurait pu sans problème se commander un mulsum dans une taverne romaine de l'Antiquité), il est parachuté derrière les lignes allemandes, menant quelques opérations anti-nazis que n'auraient pas reniées les Inglorious Basterds.
Après la guerre, dont il revient capitaine, il touche au théatre et à l'opéra, avant de démarrer timidement devant une caméra en 1948. C'est seulement en 1957, avec sa rencontre avec Terence Fisher, que sa carrière va décoller. Il incarne pour la première fois la créature de Frankenstein, et sa voie est désormais tracée : il sera abonné aux postiches, aux masques en latex, aux mâchoires en plastique et jouera tout un tas de créatures plus ou moins monstrueuses, de vilains à l'esprit aussi tordu que celui d'un inspecteur du fisc souffrant de constipation. Citons le cruel docteur Fu Manchu (de Jess Franco, qui le dirigera six fois), Raspoutine le moine fou, le comte Dracula bien sûr, une momie, un loup-garou, Scaramanga dans le second James Bond avec Roger Moore (pour la petite histoire, Lee est cousin par alliance avec Ian Fleming, je ne savais pas où le placer, ici c'est pas mal).
Sa filmographie est longue comme un jour sans pain : il est bien sûr l'un des acteurs-vedettes de la Hammer, avec Peter Cushing (23 tournages ensemble, quand même, dont "Le chien des Baskerville" qui est probablement l'un des plus beaux films jamais tournés par la célèbre firme). Il joue les pirates, les mousquetaires, les cowboys, les espions. Il apparaît également à la télévision, notamment dans l'épisode "Interférences" de Chapeau Melon et Bottes de Cuir, dans le rôle du professeur Frank N. Stone, fallait oser.
Christopher Lee, c'était un immense acteur, au propre (1,92 m, quand même) comme au figuré. Sobre, racé, à la stature aristocratique. Difficile de renier ses origines.
Il n'aura jamais arrêté de tourner, donnant le meilleur de lui-même quel que soit le film, chef d'oeuvre ou navet, et, même quand il s'agissait d'un navet, jamais pour faire bouillir la marmite... Il aimait ça, tout simplement, ce qui explique qu'il se soit retrouvé dans Police Academy 7 ou Les Rivières Pourpres 2, et qu'il ait donné la réplique à Bernard Ménez dans "Dracula père et fils". Dans les années 2000, Tim Burton fait beaucoup appel à lui, pour "Sleepy Hollow", "Frankenweenie" ou "Charlie et la chocolaterie". Ses derniers grands rôles sont bien sûr celui du Comte Dooku dans Star Wars ou de Saroumane dans le Seigneur des Anneaux.
Une fausse note, quand même : il a participé à plusieurs projets musicaux avec des groupes de heavy metal. Il a même sorti un album solo sous le nom de Charlemagne en 2010. Du métal symphonique. Hmm hmm. J'avoue que je n'ai pas poussé le professionnalisme jusqu'à écouter ça.
Ce qui me console, c'est qu'il a dit : "Je pense que, à l'exception du domaine des sciences et de la médecine, nous vivons une époque de déclin. Regardez le monde. Il y a un déclin dans la morale, les idéaux, le comportement, le respect, la confiance. Dans tout, en fait." Le plus célèbre des morts vivants doit être content d'être un mort mort, alors.


Quand même, s'appeler Lee et pouvoir être tué par un pieu, c'est cocasse, non ?

"Au sud de Monbasa" (1956)
Comme on le voit sur la photo, un tout petit rôle...

Bruce Lee...

... Christopher lit

Finissons par un conseil amical : à l'approche de l'été, n'oubliez pas de choisir une crème solaire à l'indice suffisamment élevé

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