mardi 13 octobre 2015

Per qualche euro in più

Par Hong Kong Fou-Fou

Le retour de la rubrique qui vous aide à dilapider intelligemment votre argent de poche. Bouquins, disques, sorties, fringues, tout ce que doit connaître ou posséder l'homme moderne aux goûts infaillibles.


Adieu aux espadrilles, par Arnaud Le Guern - Prix : 15,50 euros
Arnaud Le Guern est un dangereux déviant. A notre époque où règnent hyperactivité, connectivité et médiocrité, lui répond nonchalance, insouciance et élégance. Son livre, dont l'inaction se déroule à Evian, raconte les derniers jours de vacances d'été d'un couple amoureux au comportement irrationnel. Rendez-vous compte : ils discutent longuement à table au lieu d'ingurgiter le plus rapidement possible leur frichti en regardant la télé ; ils lisent des (vrais) bouquins (imprimés sur du papier) sur la plage au lieu de pianoter sur leur smartphone. J'espère me tromper mais je crois que sur la durée de l'histoire, ils ne font pas un seul selfie. Monsieur se la joue Blow-up en photographiant Madame de la façon la plus ringarde qui soit... En plus, méprisant le fait qu'ils sont dans une ville d'eau, ils picolent pas mal, à l'heure où les organisations mondiales nous ouvrent les yeux sur la nocivité du fromage de Roquefort ou des rillettes de canard. Ils fument, aussi. Attention, ils ne vapotent pas, hein, j'ai bien dit ils, kof kof kof, fument. On croise au fil des pages les noms d'antiquités poussiéreuses comme Catherine Spaak, Frank Sinatra ou Maurice Ronet, de qui se moque-t-on ? Comment ce livre a-t-il pu trouver un éditeur ? Il faut renvoyer la censure ! En tout cas, vous l'aurez compris, ces espadrilles ne sont pas à mettre entre les mains - ou plutôt les pieds ? Je ne sais plus, je suis perturbé - des esprits les plus frondeurs.


Maldonne pour un espion par Anthony Mann - Prix : 7,99 euros
Vous aimez les histoires d'espionnage mais le récent "Agents très spéciaux" vous a laissé aussi froid que la guerre pendant laquelle il se déroule ? Offrez-vous le DVD de "Maldonne pour un espion", c'est moins cher qu'une place de cinéma et vous pourrez le revoir à l'envi. "Maldonne pour un espion" (titre original "Dandy in aspic") est le dernier film réalisé par Anthony Mann en 1967, le pauvre a vu son clap de fin retentir sur le tournage, qu'il n'a pu finir... Ca raconte les tribulations berlinoises d'un type qui travaille pour les Anglais sous le nom d'Eberlin, et pour les Russes sous celui de Krasnevin. Sa situation se complique le jour où ses supérieurs demandent à Eberlin d'éliminer Krasnevin. Evidemment, comme toutes les histoires d'agent double, il vaut mieux le voir deux fois pour comprendre quelque chose. Les acteurs sont aux petits oignons, ou plutôt aux petits pickles, la plupart étant des habitués des productions britanniques de l'époque. On aperçoit aussi Vernon Dobtcheff, vous savez, cet acteur français d'origine russe, à la voix si particulière, qui a joué tout un tas de seconds rôles et fait des apparitions dans les Brigades du Tigre, Michel Strogoff ou encore Chapeau Melon et Bottes de Cuir. La musique est signée Quincy Jones, ce qui devrait achever de vous convaincre de la nécessité d'acheter ce film.


Greenwich Village Tome 1 : Love is in the air, par Antonio Lapone et Gihef - 14,95 euros
Dommage, à une lettre près, le sympathique Antonio signait une BD avec Jijé. Tant pis. Inutile de vous dire qu'après l'excellent Adam Clarks que nous a offert l'an dernier le plus belge des dessinateurs italiens (cette expression est ©Klare lijn international), la nouvelle livraison de Lapone était attendue avec impatience par une grosse partie de la rédaction de Fury Magazine. Et nous n'avons pas été déçus. Le pitch ? Norman Oaks, journaliste à la vie bien rangée voit son train-train bousculé lorsqu'une jeune hôtesse de l'air aussi sexy que délurée s'installe au-dessus de chez lui. Leurs rapports sont au début tendus et puis, vous l'avez deviné à la lecture du titre, tout un tas de quiproquos et de situations rocambolesques vont les amener vers un amour passionné. Graphiquement, c'est magnifique. Différent d'Adam Clarks, un peu plus cartoon, ce qui montre l'étendue du talent d'Antonio Lapone. Grand amateur des années 50 et 60, il s'en donne à coeur joie, que ce soit avec les uniformes des hôtesses de la Pan Am, le mobilier ou l'électroménager. Mon seul regret ? Greenwich Village, les années 60, certains croquis postés par Lapone sur son site internet, tout ça me faisait espérer une ambiance plus jazz, plus beatnik. Mais on nous a assuré que ce serait pour la suite. Si l'on en croit l'une des chouettes dédicaces qu'Antonio m'a faites il y a dix jours à Nérac, l'un des décors du tome 2 s'appellera Karma Café, me voilà rassuré. En attendant, voici un album frais et gai que se doit de posséder une personne de bon goût. Alors, pas d'hésitation : mettez-vous à l'heure de Greenwich !


Tyler Cross : Angola, par Brüno et Nury - 16,95 euros
J'ai découvert Brüno récemment, avec Lorna, et depuis je mets les bouchées doubles pour me rattraper. Nemo, Junk, Commando Colonial, et j'en oublie : rien à jeter dans sa bibliographie. Son style, que les mauvaises langues pourraient qualifier de simpliste, convient à tous les genres, le western, la SF, l'aventure historique. On peut ajouter aujourd'hui le polar, avec son dernier personnage, Tyler Cross. Le parfait contrepoint du Norman Oaks dont il est question plus haut. Quand l'un est maladroit, timide, gentil, l'autre est sûr de lui, froid et implacable. Exactement le genre de type à propos duquel on peut se poser la question chère à l'élève Moinet : "Mais pourquoi est-il si méchant ?" Même avec les femmes, il se montre sans pitié. Il faut dire qu'il a été plus d'une fois roulé par de sacrées garces permanentées perchées sur des talons hauts, on peut comprendre qu'il se méfie des fourberies d'escarpins. Ce deuxième tome se passe au bagne, on retrouve donc les personnages incontournables de l'univers carcéral, matons corrompus, petits caïds, etc. Tyler Cross abandonne ses costumes noirs de bonne facture pour un pyjama rayé bien confortable et des fers aux pieds. Il n'a de cesse d'essayer de s'évader. Qui pourrait lui reprocher de vouloir changer de chaînes ?




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